L'engrenage financier

L'édifice aurait pu tenir ainsi des années, s'il n'avait pas été question d'argent. Entretenu par ses parents qui lui avait acheté un studio à Lyon et une voiture, l'heure de vérité aurait dû sonner quand il est entré dans la vie active. Mais rien ne s'est passé, il a continué à puiser dans les comptes bancaires de ses parents sur lesquels il avait une procuration. Il considérait leur bien comme le sien et eux l'y encourageaient, ne s'étonnant pas de ces ponctions régulières opérées par un fils qui pourtant gagnait bien sa vie. En quittant Lyon, il a vendu le studio et a gardé l'argent.

Une fois à l'OMS , il a dit ou laissé entendre que son statut de fonctionnaire international lui ouvrait droit à des placements extrêmement avantageux dont il pouvait faire bénéficier sa famille. Jouissant d'une aura d'homme raisonnable, Romand convainquait alors sans peine son entourage de lui confier des économies à "placer" dans les banques suisses. Ses parents dans un premier temps, puis son oncle, son beau-père.

Ses principaux actionnaires n'ont jamais vu un document bancaire témoignant du dépôt du capital ou du cumul des intérêt mais avait une entière confiance en Jean-Claude, persuadés que leur argent travaillait tranquillement sur un compte en Suisse.

Les choses se sont gâtées le jour où son beau-père a voulu retirer une partie du capital. Quelques semaines après alors qu'il était seul chez lui avec Jean-Claude, cet homme a fait une chute mortelle dans l'escalier de sa maison. Sa culpabilité dans cet acccident n'a jamais pu être prouvée mais ce qui est sûr c'est que la mort de son beau-père a été pour lui providentielle. Non seulement il n'était plus question de toucher aux sommes placées en Suisse mais de plus sa belle-mère vendit sa maison devenue trop grande, lui confiant le produit de la vente

Il a par la suite, vendu un faux médicament à base de cellule fraîches d'embryons récupérés dans une clinique sur lequel il conduisait une prétendue recherche à l'OMS. Il a ainsi pu dépouiller tous ses proches de sommes qui lui ont permis de mener le train de vie d'un médecin de l'OMS: BMW, école privée, villa.

Mais au bout de sept ans de mariage et de dix-huit ans de mensonges, Romand a commencé d''avoir des découverts. Sa mégalomanie galopante l'a amené à inventer des menteries toujours plus grotesques, à dépenser toujours plus d'argent. A cette situation explosive s'est ajoutée une maîtresse qui, comme Florence autrefois, se refusait à lui. Sur la dernière semaine de sa vie, il semble de surcroît que l'épouse de l'imposteur ait soudainement exprimé certains doutes. L'a-t-elle interrogé? Voire même démasqué? Jean-Claude Romand ne s'en est jamais ouvert.

Source : E. Carrère, L'adversaire, ed POL, 2000

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